A –
Alors j’ai voulu écrire sur la pleine lune. Elle était bien ronde dans ma fenêtre au sud. Mais je voyais pas ce que je pouvais en dire. Alors je me suis couchée. Le rai franc dans les yeux, la voie était claire. Et les spectres ont monté ma tête. J’ai tourné longtemps debout, dans les for-mulations. Toujours le silence se déconstruit.
B –
Les Béatrice de ce monde. De plus en plus, je dirais. De moins en moins rare prénom. Des bébées même, même des asiates, même en anglais, étonnamment, tout autant que le yogourt. Un prénom comme ça, c’est quoi de le ménager. D’ailleurs moi, elle, ma grand-mère, c’était Berthe, à Lennoxville.
C –
Culture, culturel, structurel. Enfin achevée, la réalisation de mini-docs témoins des Rendez-vous citoyens estrie de l’INM. Que reste-t-il encore à écouter dire dans les décors d’université? Mosaïque d’identités et urbanité centrifugeuse, histoire des peuples et mémoire des lois.
D –
E –
F –
J’ai retrouvé mon premier film aujourd’hui. Je n’ai pas grande imagination. Un titre éloquent, a priori. Monté directement sur magnétoscope, qui parle au minidv en code synchrone. Assez naïf au final, faut dire. Ah, les poètes.
G –
Jean Pierre Girard, J’espère que tout sera bleu. J’ai fermé la dernière page hier au clair de lune. Deux nouvelles bouleversantes, dont Projet de vérité : «…et j’avais très peur… très peur de retomber si vite dans ce piège dont je venais à peine de sortir, [laisser son regard d’homme me définir comme femme], laisser sa vérité diriger mon errance, sa parole me conjuguer, son chant m’entraîner, enfin toutes ces sottises qu’il faut assassiner en soi avant de gagner le droit de venir une bonne fois au monde et d’être simplement… et ça aiguise les nerfs, bien entendu, tout cet amour, on en vient à croire que tout ça est un peu notre faute.»
H –
I –
J –
Jean Pierre Girard. «Je parviens souvent à chasser cette merde, mais à l’occasion elle gagne sur ce que je suis, et je cède. Alors je pense à moi, un Moi très gros, une gloire qui assurerait qu’on me voie un peu mieux, ou qu’on m’aperçoive, tout court, afin que ce que je porte soit une seconde éclairé, et peut-être aussi afin que ma petite mère, où qu’elle soit aujourd’hui, et quels que soient les dieux auprès desquels elle intercède dans le but de gagner quelques secondes pour moi, que ma mère soit une seconde apaisée, tu comprends?»
«Ou encore, que les quelques phrases que je porte ne soient pas d’emblée écartées, rejetées, uniquement parce que c’est moi qui les porte et que je ne suis pas un bon vendeur, pas assez accrocheur, disons.»
grand bleu sherbrooke
jour de la terre
Il y a 15 ans