lundi 30 juillet 2007

j'espère que tout sera bleu

A –
Alors j’ai voulu écrire sur la pleine lune. Elle était bien ronde dans ma fenêtre au sud. Mais je voyais pas ce que je pouvais en dire. Alors je me suis couchée. Le rai franc dans les yeux, la voie était claire. Et les spectres ont monté ma tête. J’ai tourné longtemps debout, dans les for-mulations. Toujours le silence se déconstruit.

B –
Les Béatrice de ce monde. De plus en plus, je dirais. De moins en moins rare prénom. Des bébées même, même des asiates, même en anglais, étonnamment, tout autant que le yogourt. Un prénom comme ça, c’est quoi de le ménager. D’ailleurs moi, elle, ma grand-mère, c’était Berthe, à Lennoxville.

C –
Culture, culturel, structurel. Enfin achevée, la réalisation de mini-docs témoins des Rendez-vous citoyens estrie de l’INM. Que reste-t-il encore à écouter dire dans les décors d’université? Mosaïque d’identités et urbanité centrifugeuse, histoire des peuples et mémoire des lois.

D –

E –

F –
J’ai retrouvé mon premier film aujourd’hui. Je n’ai pas grande imagination. Un titre éloquent, a priori. Monté directement sur magnétoscope, qui parle au minidv en code synchrone. Assez naïf au final, faut dire. Ah, les poètes.

G –
Jean Pierre Girard, J’espère que tout sera bleu. J’ai fermé la dernière page hier au clair de lune. Deux nouvelles bouleversantes, dont Projet de vérité : «…et j’avais très peur… très peur de retomber si vite dans ce piège dont je venais à peine de sortir, [laisser son regard d’homme me définir comme femme], laisser sa vérité diriger mon errance, sa parole me conjuguer, son chant m’entraîner, enfin toutes ces sottises qu’il faut assassiner en soi avant de gagner le droit de venir une bonne fois au monde et d’être simplement… et ça aiguise les nerfs, bien entendu, tout cet amour, on en vient à croire que tout ça est un peu notre faute.»

H –

I –

J –
Jean Pierre Girard. «Je parviens souvent à chasser cette merde, mais à l’occasion elle gagne sur ce que je suis, et je cède. Alors je pense à moi, un Moi très gros, une gloire qui assurerait qu’on me voie un peu mieux, ou qu’on m’aperçoive, tout court, afin que ce que je porte soit une seconde éclairé, et peut-être aussi afin que ma petite mère, où qu’elle soit aujourd’hui, et quels que soient les dieux auprès desquels elle intercède dans le but de gagner quelques secondes pour moi, que ma mère soit une seconde apaisée, tu comprends?»

«Ou encore, que les quelques phrases que je porte ne soient pas d’emblée écartées, rejetées, uniquement parce que c’est moi qui les porte et que je ne suis pas un bon vendeur, pas assez accrocheur, disons.»


grand bleu sherbrooke

jeudi 26 juillet 2007

qui je suis?



je suis d’érosion fossile
évadée des sentiers de cycle végétal
dans la transparence du paysage
je suis la route à l’envers des âges
je suis d’époque millénaire
dans le flottement des humidités solaires

je suis de cavernes et de lave
je suis de forges et de martèlements
je suis de cire sur la fibre des jours
je fais silence je me momifie
et je me tiens droite entre les salves
j’habite les silences du monde
en terre d’asile de fous aux yeux de glace

je suis d’exagération et d’enthousiasme
je vis de sursauts et de rebonds
et puis la nuit surgit
et vous n’y êtes plus

me verrez-vous
déchue d’entre les anges

Désoeuvrée -- un projet

1.
Voilà l’émotion accordée. Tandis que se conjuguent les chapitres au désoeuvrement, l’été rugit dehors. Franchement, voilà encore cette équation impossible à éluder. Parce que les cocons d’hiver s’admettent aisément; et que l’estival se traverse à l’air en nombril.

2.
Lire à la plage. Avec tout le bruit des enfants. Lire au lit des amours. Dans un garage, au fond d’un hamac. Lire les empruntés. Et recycler des livres à pleins cartons. Lire des séquences. Science polar, séries bidons. Mais lire. Pour remplir l’espace des fictions. Et attendre.

3.
Définition : En non-état d’œuvre. Au pied de la métaphore, acculée au blanc du mur. Dans l’œil d’une tempête de nombril intérieur, et parmi les autres. Dans le blanc des yeux, en pleine décharge. Comment se noyer? En naviguant. Pour aller où? Viser les grands fonds.

4.
Sur la langue, l’effet du sang. Du sang, la couleur rubis. L’eau de la gemme, et la transparence des pierres. Sur le verre, une robe. Sur le vert, une tache sombre. Sur le vers, à tombeau ouvert. Au vin à l’heure.

5.
Et puis écrire à qui. Qu’est-ce que la poésie. Nommez une raison sociale. Ne serait-ce qu’adresse de l’esprit. Nommez cette élite. Moins de mille yeux. Rare divertissement, centaines d’arbres. Et puis écrire sur quoi. Même désoeuvrée de voisine chanson. Zéro fable, sans histoire, pas d’anecdote.

6.
Pourquoi s’écrire l’oedipe délié, le fantasme enjolivé, le désir déconstruit, l’être fiction indélébile, l’imaginaire individuel, l’intime chaos du corps, le cri du silence, l’impertinence de l’âme qui cherche ses mots qui se noient d’images qui se voient. Pour quoi. Pourquoi la langue.

7.
Si au moins je pouvais dire le pays de miron. Si au moins j’usais des outils de giguère. Si au moins je voyais les voyages des romans. Si seulement j’avais les pigments des pinceaux. Si seulement j’encadrais tout ce cinéma. Je n’édite qu’un rêve, rendu utile à personne.

8.
Un questionnaire de proust. L’entrevue radio tête d’affiche. Les sornettes marchandisées, les vacuités pardonnées. C’est ça, l’identité, en plein public, en grande fratrie, à la une télé. Le mensonge qui se vend, le petit rôle qu’on ment. Et en silence, le tarot de l’ermite en épreuve. Dans l’œuvre du destin, un mauvais calcul de solitude.

9.
Une orgie de papier pour défier les sceptiques. Un mètre en pile de poèmes, deux lieues de rubans vidéo, trois rayons de radio, et quatre murs clos. Comme un tiroir. Encore des métaphores.

10.
Ce qui me tue, c’est l’immobilité des journées, alors que je reste inutile altruiste dans le flot des événements. Désoeuvrée passeure au gué. Il faudrait la culture des minutes radio, des éclairs de voix, et traduire l’immensité des rencontres. Je suis soudaine, je reste abrupte. J’aime tout à la fois. Vite, dériver en pays lointain.
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11.
Je saurais choisir la baie-james et les barrages de rivières. Partir tout de suite, disparaître. Sans laisser de trace autre que des cartons en entrepôt. Dans un garage, j’écris refaire le monde, trouver le sens du nord, naviguer en eaux tumultes, décoller, recommencer, changer. Partir.

12.
Me décider enfin! Je cherche à me trouver, ça je le sais. J’aspire à l’utilité au monde, peu importe. J’ai des cœurs à plein régime, qui regardent ailleurs. Et j’ai ce chat gris, un rare ami. Vivre la rencontre du monde, dans une nature qui disparaîtra, perdre ma colère dans le nord, d’où j’arriverai, quand je serai loin.

13.
Mon documentaire personnel d’être du grand-œuvre de là-bas. Trouver racine dans mon territoire québec, même quand la taïga. Et manquer de tout.

bonjour bienvenue

Bienvenue dans mon univers. Enfin celui qui se rendra public…
J’espère écrire régulièrement, mais il y a fort longtemps depuis un journal intime…Et puis, je préfère la plénitude solitaire de la poésie… même si elle s’empile finalement dans mes tiroirs…

Je vous parle sans vous connaître, je vous écris sans projet fixe, et je ne saurais identifier quelque motivation que ce soit. Ou peut-être celle-ci, oui : tromper les désordres de mon existence, errante dans le chaos de mon actuel isolement. C’est quand même l’été, et je salue cette farniente, où je m’emmerde sans vergogne.

Je vous écris du bord de la piscine, entourée de chats dolents, d’oiseaux bavards et de framboises. De cet oasis bucolique en pleine ville je retiendrai : l’absence de moustiques, la proximité des commerces et une existence tout à fait clandestine. Trop peu d’amis en revanche avec qui espérer partager cet ersatz de paradis. J’ai sans doute poussé tout le monde aux limites de leur tolérance. Mais le temps n’est pas encore venu d’une thérapie publique.