dimanche 27 avril 2008

semaine 3 - foret neuve

lundi grande ruche pour manger en forêt
et puis c’était même pas cher, le bio
assez de recettes pour la pleine nature,
pour rien finalement de court terme
et l’épicerie à pied, encore c’est juste à côté
y ai vu hélène, avait l’air bien, pressée
j’aurais dû lui demander pour les têtes-de-violon

un écogeste pour sauver le monde :
je n’ai pas utilisé mon char
mais il meurt sur l’asphalte
j’ai cette bouteille de vin
que je n’ai pas ouverte

22 deuxième jour sanzandré
hey je dépends du transport des autres
deux jours hein sans forêt
encore de la neige, il reste chez lui
je lave je cuis j’écris – jours impromptus
jour de la terre aujourd’hui
et je chauffe en ville la corde à linge

j’étais démunie en fait sans forêt d’andré
deux jours entiers, à déjà penser ailleurs
c’est pas bon ça, c’est la folie, je vous le dis
et j’ai pas trois dollars dix - fois deux pour le bus
sinon je serais autonome

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai séché sur la corde de ville quelques tissus
je n’ai pas usé de mon char pour aller là-bas
j’ai recyclé quelques vêtements, ils s’empilent
mercredi nuit j’écris


jour de la terre, hier – jour d’écorces d’arbres

alors voilà la zone baptiste adjacente
et les marais-lacs visités : y ai vu
les piquants de l’aubépine les fossés de terre noire
les quenouilles à cueillir manger et empoter
pas beaucoup de champignons d’habitude
la butte toute sèche et toute cette fardoche à couper
dommage pour les cherry choke à grappes
et puis beaucoup de moustiques sont à prévoir
j’ai aussi revu le vérâtre tabac du diable
de la clintonie et le guide fleurbec du printemps
ma réserve de bourgeons de tussilage s’annonce bien
ai fait goûté deux centimètres de farfara sauté
aux voisines prudentes

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai identifié l’amélanchier qui toffe sur argyll
les plants de fraises sont dégagés
j’ai l’intention de semer molène, mauves et lupins
en plus de quelques légumes grimpants

jeudi en bas canadiens shooters
faut fêter ça et puis c’est jeudi
mon ordimages est réparé
heure du lunch terrasse de soleil
ai revu la république macintosh
fort contente

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai marché cinq minutes plus vite
jusqu’à la rue des dimanches

vendredi naze petits ouvrages
internet couture sport télé lectures potager
le soleil reste tellement parfait

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai taillé les églantiers, les ai replantés au hasard

samedi flyers au magog en série
un écogeste pour sauver le monde :
j’ai taillé le lilas et marché les trottoirs des arbres
j’ai bien vu leurs bourgeons sur fond de ciel
et les vertèbres végétales de leurs poumons
merci au covoiturage des amitiés sylvestres

dimanche 20 avril 2008

semaine 2 - avril dehors

quatorze, au contraire de l’an dernier
il fait presque tiède dans le soleil
sans autant de vent pour sécher une peinture d’auto
il fait cinq degrés à tous mes sens
et à anouk je pense

le regard vague et des bras qui vaquent au principal
cette semaine verra la terre et les écorces de la croûte
tandis que ma voiture se dessèche et que montréal
se médiatise la simplicité volontaire
et que je répugne à vendre mon auto

un écogeste pour sauver le monde :
l’épicerie lourde de farine et de patates s’est faite à pied
je m’imagine quand même à montréal sur mont-royal
complètement absorbée dans ton anniversaire

un quinze d’avril
info législation et revenu et santé provinciale sociale
il n’est pas illégal de n’avoir pas de carte de maladie
il faut pourtant payer selon son revenu imposable
d’improbables surplus de médicaments publics
je me questionne donc sur la loi et du comment
toute approbation de nourriture soutient toute l’économie
et comment il faudrait en être indépendant
en achetant bio-en-dedans-de-cent-milles-en-tout-temps

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai marché une forêt pendant des heures
j’ai vu une maison rotative à daily planet
j’ai covoituré en partage de priorités
j’ai cuit trois pains


seize, un mercredi rockmotosport
adieu l’auto, je renonce aux conglomérats de pétrole
mio cinquante, orange de l’année des impôts
parce que nos courbes s’agrémentent
en dedans de l’au-delà de deux mille dollars

jeudi de première ronde
comment sustenter la relation sociale de série canadiens
billard – sourires – mots d’esprit – sincérité intense
et mille mercis aux alcools offerts

le proverbe chinois de suzanne
«si tu veux être heureux une journée, soûle-toi la gueule
si tu veux être heureux une semaine, marie-toi
si tu veux être heureux toute ta vie, deviens jardinier»
j’ai hâte que ça fonde

un écogeste pour sauver le monde :
même n’écorcer qu’une croûte embellit l’univers
quand les maisons se construisent de bois mort


samedi dimanche de terrain d’andré
voir : la disposition des cultures, ses projets de long terme
entendre : la chainsaw, les arbres, quelques oiseaux
goûter : la bière toute froide du tas de neige
respirer : la fumée du feu de croûte écorcée
toucher : la vie du printemps et les atlas fleurbec
faire : vivre résumer écrire bloguer
penser : à hervé à orford aux forêts de fougères
avoir : le hasard de jaser avec bambi, le chevreuil du printemps
être : sereine et d’espoir, pour tout le reste du monde

un écogeste pour sauver le monde :
j’ai cueilli des boutons de tussilage pour les tisanes de rhume
j’ai récupéré les rameaux de bouleaux tombés sous la scie
et les bourgeons s’ébouillantent et les tulipes éclosent

lundi 14 avril 2008

semaine 1 - mémoire diesel

lundi sept du cinq de stoke
beau soleil tout le tour du balcon
tout billard tapant j’ai hâte aux semences
et rencontre doum le camion enthousiaste
et me surprend à rouler aussi loin qu’autrefois

mardi en huit
plus loin on regarde vers le passé
plus loin on regarde l’avenir
et moins on frime les amitiés

mercredi neuf soleil bref et voisinage
à force de réalisme je renonce à l’auto
souhaite récolter quelques dollars à investir
aussi même troquer les pièces pour un toit
je cherche le parfait véhicule en tout temps
sans dorénavant épuiser le pétrole

j’imagine les embrayages persévérants
même pas vite sur les routes de campagne
un moteur quatre temps sur trois saisons
oui, je cherche un scooter

jeudi dix – jour diesel
estimées les contraintes du transport au pétrole
revisités les vieux rêves de tous les permis
décidé de ce métier et rencontrer le cours possible
des routes et des chemins de nadia
et peut-être dimanche me voir encamionnée

vendronze – samedouze – anouk
l’idée d’allo-stop était parfaite
la simplicité volontaire de l’économie
je choisis le téléphone bonne fête encore
la télé du hockey a sauvé la série des soirées
et les plans potagers se bousculent

un écogeste pour sauver le monde :
je consomme sur le bras des autres
et profite de musique performée par d’autres
tôt ou tard il me faudra bien remballer mes univers

dimanche 6 avril 2008

ROULER SA BOULE – 1

(1re partie)

Dans l’antichambre des tables de pool s’échauffent aussi quelques baguettes, en proie aux esprits. Non pas qu’on en vienne aux coups durs aussi peu par habitude. On patiente à apprendre les angles et les longues vues, on mesure les forces, et sa propre violence. Parfois aussi un individu succombe. Ça s’est déjà vu un soir de dimanche. Personne n’a pu savoir quand l’instant se vit empoché.

Sur les murs de bois on entendait les langues saturer la musique. Les voix jouaient de la guitare, mais on ne sentait que le bruit. Et les yeux aussi, dans tous les coins. La circulation des corps en orbite autour des portes avait bien la densité des foules de groupies, ou d’un groupe de base du cégep. Il faisait en tous cas étranger d’avoir l’âge idéal en double. Du genre qu’on démasque à la moindre phrase.

L’unique intérêt résidait sans nul doute dans la craie des prénoms alignés au hasard sur l’ardoise noire du prévisible des énergies. Et combien de romans sauraient s’écrire à travers les bandes de tapis vert. Et comment ne rien percevoir de l’articulation des hanches du monde. Quand les craques du plafond et les raies de plancher se conjuguent aux éclairages glauques, un seul angle prévaut, celui des salives épaisses. Et les tapis de feutre se confondent aux printemps des gazons.


On raconte même qu’un soir, c’était un jeudi de fort vent; alors que les hauts murs beiges s’étaient même habillés de peinture... (à suivre)